Hommages aux femmes des ruines - Berlin 1945

Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
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Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
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Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
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Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945
Hommage aux femmes des ruines - Berlin 1945

Deutschland
Berlin
2, Marlene Dietrich Strasse

Juin 2008

Berlin, nicht’s mehr zu sehen ...
        
(Berlin, plus rien à voir !)
(La Berlin, nu mai este nimic de vàzut !)

Embrasés, mes credos que mon imagination prend pour des souvenirs, ils se nourrissent de ce mélange de passé et de futur sans beaucoup de présent .
Sur un air de victoire, de revanche méritée, les pions prennent le temps d’écouter l’air passé dans l’orgue du temps et ô combien ces sons ressemblent à des marches aussi aimées qu’interdites; les fanfares s’allument au contact des premiers rayons de soleil. Leurs laitons brillent trop fort; on ferme les yeux en serrant les paupières, fort, très fort; à cause de la lumière mais aussi pour empêcher les quelques soupirs (et leurs symboles) de s’évader…

Ne pas toucher ce qu’on croyait voir est beaucoup plus dur à supporter que de voir ce qu’on n’a jamais cru exister; sous ce poids de doute et de désir, j’avance pas à pas en tâtonnant la véracité des sensations qui m’envahissent. Mes bras tendus, les doigts crispés, ma canne blanche veulent tout toucher, tout confirmer aux yeux avides

Potsdamer Platz

Les boulevards sont vides, ou au moins j’aime les croire vides, extirpés du temps, placés avec maestria dans l’impondérabilité que seulement l’extase peut procurer; les barbelés m’arrachent la peau et le cri de révolte,le sang et la salive se mélangent pour créer des hiéroglyphes capables de raconter Ma vérité; je trébuche sur les blocs antichar ; je tombe, je me relève et je reste fier,debout avec mon héritage de haine et de courage; les seuls éléments en mouvement, les spectres du futur ; chacun d’entre eux s’arrête devant moi et exhibe avec fierté une image dans chaque main ;à droite « avant »; à gauche « après »… Si seulement ces ombres pouvaient avoir trois bras ; le troisième, au milieu,pourrait se consacrer au présent,tenir avec piété mes larmes à l’apparition d’un blond qui,avec un sourire de huit dents,promène son habit d’uniforme de la Stasi; pour 1 € il est prêt à se faire photographier avec toi,il peut même tamponner ton vrai passeport de la Communauté Européenne  avec le vrai -faux visa de la R.D.A. En regardant, je pense au juif à qui on propose un uniforme de kapo de Buchenwald et une étoile jaune qui lui permet d’entrer à Auschwitz et pour 500 €, 100 g de  … cendres avec certificat d’authenticité ! Je pense aussi au moldave de Chisinàu à qui on propose des photos souvenirs des goulags de Sibérie et une chapka d’un E.N.K.V.D., réplique très fidèle de celle d’un certain Vladimir Vladimirovici Putin…

Dans le tout récent musée de statues en cire,  inauguré  à Berlin, la statue d’Adolf a résisté seulement quelques heures, étant vite décapitée par un révolté, un inconditionné de la démocratie, un défenseur contre les spectres gammés … ces spectres font-ils, peut être, plus mal que le spectre de l’autre extrême? La balance pleine de cadavres torturés, de valises à jamais récupérables, de poupées oubliées au bord de la route, ne penche pas du « bon côté »,  du côté le plus exploité, le plus montré en boucle,et encore et encore, avec une angoisse reconnue d’oubli… et pourtant !

Et pourtant, je me retrouve seul dans cette ville, avec ses spectres, et aussi avec mes spectres… quelle ressemblance, et quel soulagement de retrouver ce qu’on voulait retrouver avec ardeur …

Je la quitte avec un arrière goût de métal et de sang, avec des souvenirs dans la couleur du déjà vu – déjà vécu … et avec le sentiment que Dieu existe; je Lui remercie, la justice est faite …

Je la quitte à 200 km/h,  tous les phares allumés; je revis le chemin parcouru entre Strada sub Castani (Sous les châtaigniers) et Unter den Linden ( Sous les tilleuls) et je retrouve tant de similitudes entre mes larmes et les larmes de cette ville ; ses haines sont les miennes, ses espoirs sont les miens, car si je peux vivre librement et sans honte de ce que je suis et ce que je pense  c’est parce que Berlin a toujours existé !

Cernay la ville
14.07.2008.                                      

radu cioràscu

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